Le Référentiel d’expertise : ANT’box au service de l’IRSN & du CEA
De la connaissance implicite, difficilement traquée depuis longtemps, à la connaissance explicite, se manifestant dans les documents institutionnels et les notes internes, le concept même de connaissance, ou d’expertise, est difficile à cerner.
Les méthodes de modélisation (anciennement Mksm, Rex, Sagace, pour ne parler que de celles issues du CEA) ont largement contribué à approfondir ce délicat concept de connaissance, et de proposer une représentation opérationnelle et exploitable.
Le concept d’Élément de connaissance
Ainsi, la notion d’Élément de connaissance, proposée par Jean Michel Penalva, chercheur au CEA, basée sur l’idée « classique » qu’une connaissance est une information contextualisée, a conduit à une représentation granulaire – un triplet :
- Information élémentaire (granulaire, ie un titre et un « petit » texte)
- Auteur,
- Date,
plongé dans son contexte sous la forme de liens avec d’autres informations, elles aussi élémentaires ou plus générales.
Les liens en question doivent être définissables à loisir, et, dans le cadre d’un référentiel d’expertise, peuvent se nourrir avec profit du « carré sémiotique » d’Aristote, schématisé sous la forme de trois types de lien : complément, controverse et contradiction. L’exploitation de ces liens permet de représenter l’« écosystème » d’une connaissance, ou plus largement d’une information, de manière aussi fine et approfondie que le souhaitent ses rédacteurs.
La typologie associée à ces éléments de connaissances : hypothèse, avis, décision, fait, … voire le thème auquel rattacher ces éléments en fonction du domaine traité, permet d’enrichir de manière efficace, bien que simple d’abord et d’usage, cette représentation.
ANT’box d’ANT’inno, un outil de capitalisation et de management de la connaissance
ANT’box d’ANT’inno est dédiée à cette problématique et permet :
- De partager simplement ces éléments de connaissances, sous la forme de mémos
- D’échanger et de collaborer sur ces bases de réflexion : commentaires, et autres compléments informationnels,
- De décider de finaliser une expertise de référence.
Nous nous distinguons des approches dites modélisatrices en ce sens qu’il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste de la modélisation, quelle que soit la méthode support. L’usage des mémos est extrêmement simple, le langage utilisé est le langage naturel, et la formalisation ainsi à la portée de tous.
L’approche en langage naturel de ANT’box nous éloigne de l’exploitation automatisée de ces connaissances. Nous parlons de référentiels d’expertise en tant que support d’une réflexion et d’une action humaine et non d’une exploitation automatisée de cette connaissance, telle qu’ont pu tenter de le faire en leur temps les systèmes experts issus de l’Intelligence artificielle ou telle que le font aujourd’hui leurs descendants via les « réseau de neurones logiciels ».
Le mémo de ANT’box
La notion d’élément de connaissance tel que nous la représentons dans ANT’box est un « mémo », autrement dit une simple fiche, dont les éléments constitutifs sont définis par défaut :
- le rédacteur (celui qui signe, renseigné automatiquement),
- l’objet de sa contribution (le titre), l’élément de connaissance proprement dit : le texte de sa contribution,
- la date de cette contribution (elle aussi renseignée automatiquement)
- et les éléments de contexte qui peuvent prendre des formes variées : des métadonnées de type Thème, Projet, Type d’EC, etc., et être enrichis autant que de besoin.
La notion de droits d’accès simplement représentée par des « Listes d’accès ». C’est une métadonnée descriptive de chaque mémo, chaque grain, chaque élément de connaissance, ce qui assure le maximum de souplesse et d’évolutivité.
Processus collaboratif et d’interactions
Les contributeurs concernés par le sujet, voire notifiés directement par ANT’box, vont pouvoir réagir à cet EC en exprimant soit un désaccord (contradiction, par exemple, s’appuyant explicitement sur un article) soit un accord (sous la forme d’un complément).
Cette base d’échange, constituant un premier niveau de contextualisation de l’information, va se poursuivre et s’enrichir, au fil des contributions et aboutir à des décisions d’actions ou à « simplement » à constituer la connaissance de référence sur le sujet après accord entre les experts concernés.
Un tel processus est tracé, et illustré par le graphe ci-dessous.
Les exemples de l’IRSN & du CEA
IRSN : la Base dite EPS (Etudes Probabilistes de Sureté) constitue une base d’expertise de référence dans le domaine de la sûreté des installations nucléaires, aussi bien en France qu’à l’international. Elle s’appuie sur le concept de mémo de ANT’box, exploitant aussi bien ceux avec document associé que ceux sans pièce jointe (EC). Les liens entre ces informations, qu’elles soient documentaires ou plus granulaires, permettent de les positionner dans leurs contextes respectifs et ainsi contribuer à enrichir leur exploitation intelligente.
A ce jour, cette base EPS est exploitée au quotidien par le service en charge de ces études et est depuis de nombreuses années maintenant leur référentiel d’expertise et d’études sur le sujet.
CEA : le contexte militaire de la base en question nous empêche de la décrire, si ce n’est que le concept de mémo « élément de connaissance » (EC) est le support essentiel de cette expertise partagée. Depuis de nombreuses années, plusieurs dizaines de milliers de tels EC constituent cette base, vivante, et objet d’interactions permanentes entre les experts du domaine considéré. Ces interactions, systématiquement signées, permettent d’exprimer de manière très riche les avis des uns et des autres, de contextualiser chacun de ces avis et de fournir ainsi aux utilisateurs, eux aussi experts, un support pertinent à leur réflexion et leurs actions.
Il est important de noter que la qualité de l’expertise des contributeurs définit la qualité de la base de connaissances ainsi constituée, et que la signature de chaque élément d’information est aussi un indicateur important pour la fiabilité de son contenu.
Knowledge Management & intelligence collective au cœur du Référentiel d’expertise
Les approches dites de Knowledge Management (KM) ou de bonnes pratiques avec cogniticien spécialisé peuvent contribuer à la mise en place de telles bases de connaissances, mais ce rôle n’est pas indispensable, l’une des idées directrices d’ANT’box étant que la démultiplication des interventions, directes, sans intermédiaires, est un des atouts du développement de telles bases, à l’instar des « réseaux sociaux ».
Le périmètre principal d’action de ANT’box sur ce type d’usage est centré sur les avis des experts concernés : leur élaboration, leur partage et la traçabilité de leur évolution.
Ce type d’exploitation est évidemment reproductible dans d’autres contextes : base de connaissances ou Knowledge Management, référentiel d’expertise, référentiel des bonnes pratiques, etc.
L’objectif est à la fois de capitaliser au fil de l’eau ce patrimoine cognitif de l’organisation, mais aussi de le valoriser au quotidien (accès simple et efficace aux informations ou connaissances dont les acteurs ont besoin) et de le faire vivre afin d’en actualiser le contenu en permanence. La richesse fonctionnelle et la simplicité d’usage de la Box sont évidemment des gages de réussite de ce type de projet !